10 mai 2006

La tolérance, mode d’emploi.

Voilà un sujet intéressant qui divise dans sa définition les uns et les autres. Dans les carrefours de la Tunisie, beaucoup de tunisiens ne s’arrêtent pas au feu rouge. Ils regardent à droite et à gauche s’il n’y a pas de voitures qui arrivent en sens inverse et s’il n’y a pas un flic stationné et hop grillent le feu rouge. Commentaire du Tunisien ordinaire sur ce comportement : Tout le monde fait ça ou alors c’est toléré à partir du moment où il n’y a pas de danger ou encore c’est normal le feu est mal réglé. Bref le discours est bien huilé : toutes les excuses qui permettent de tolérer le non respect des lois et des règles. Je me rappelle encore il y a 15 ans, j’étais en train de faire la queue, avec ma voiture, pour prendre le bateau qui nous emmène sur l’île de Djerba. Un agent de la compagnie maritime vient me voir en me disant qu’avec ma Mercedes, je pouvais prendre le raccourci qui m’éviterait d’attendre comme les autres. Malgré un cours d’éducation civique bien conçu, les tunisiens se voient administrer dans la rue un cours dans la négation du respect des règles. La tolérance ne peut pas être le fait de fermer les yeux sur ces agissements. Au nom de la tolérance, nous ne pouvons accepter d’attendre deux heures dans une administration avant d’être servi. Au nom de la tolérance, nous ne pouvons accepter de se faire doubler par un chauffard sur sa droite sans faire la queue. Au nom de la tolérance, nous ne pouvons accepter de voir une personne se faire servir chez un marchand de légumes alors qu’elle vient d’arriver sans attendre son tour. Nous pouvons tolérer que son voisin organise une fête le samedi, mais pas en milieu de semaine jusqu’à deux heures ou trois heures du matin. Nous pouvons accepter que les autres aient des avis différents des nôtres mais pas ceux qui utilisent la violence pour défendre leurs points de vue. Nous pouvons accepter la loi de la majorité sauf quand cette loi met en danger l’existence d’une minorité ethnique ou religieuse.