02 août 2006

Un monde et deux visions

Le précédent article a pu laisser entendre qu'une certaine vision du monde est morte. Je peux assurer les lecteurs de ce message que ce n'est pas ce que je voulais dire. Revenons à ce nouveau monde que nous voulons construire et laisser pour les générations à venir. Deux visions s'opposent : La première est celle qui est avancée par les extrémistes de tout bord. L'administration américaine et lobby néoconservateur, les groupes radicaux du monde musulman et une grande partie des populations opprimés. Cette vision consiste à dire : De toute façon, chaque pays ne fait que défendre sa suprématie, son pouvoir dans ce monde. Le rapport entre nations ou groupes est exclusivement un rapport de force. Par conséquent, l'autre différent de toi est forcément ton ennemi. Nous n'avons pas le choix, tu dois te battre pour renverser le rapport de force en ta faveur (la stratégie des groupes radicaux) ou alors te battre pour maintenir ton pouvoir (la stratégie de l'administration américaine et israélienne). Nous pouvons appelée cette vision du monde « l’unilatéralisme » La deuxième vision appelée « vision utopiste » est celle d’un monde équilibré ou chaque pays est une démocratie garantissant à ses citoyens la liberté de pensée, de foi, de représentation, d’entreprise, etc. Et en même temps le rapport entre pays est un rapport de respect, régulé par une société des nations soucieuse du respect des règles de bonne conduite entre nations et évitant les conflits armés responsables des pires atrocités. Certains appellent cette voie la voie du multilatéralisme. La première vision est une vision qui part du principe que de toutes les façons, les autres sont en train de préparer une stratégie pour nous abattre et nous devons les exterminer avant que ça ne soit trop tard alors que la deuxième offre un moyen de vivre tous ensemble quelque soit la race ou la religion. Il n’y a pas de suprématie d’une race, d’une culture, d’une religion ou d’une civilisation. Une invention trouvée dans un laboratoire américain est une invention pour l’humanité toute entière et quelque soit ma foi, je peux la revendiquer en tant qu’homme faisant partie de ce monde. Les derniers évènements de la guerre du Liban cassent cette vision angélique du monde version tous ensemble. Les musulmans regardent les images effroyables de massacre de civils et s’écrient « Vous voulez nous dire que ces occidentaux sont nos amis alors qu’ils tuent nos enfants avec un tel sang froid ». Les occidentaux constatent la résistance et la préparation du Hezbollah et crient « On vous l’a bien dit, ces gens sont dangereux pour nous tous, ils sont capables de nous atteindre par leurs missiles à tout moment dans nos villes. Maintenant, il faut oser appeler ces gens nos ennemis et leur donner leur vrais noms de terroristes ». Mais où va-t-on avec ces raisonnements des deux côtés. Si chacun fait ce raisonnement, nous allons léguer à nos enfants un monde où un américain circulant dans une rue d’une ville arabe peut être tué au nom de la guerre contre l’occident et pour venger nos enfants en Palestine, au Liban et en Irak. Nous allons avoir un monde où un Arabe circulant en bord de seine va être sauvagement tué car ce type a une religion passéiste, est originaire d’un pays non démocratique et constitue une menace pour notre démocratie, en réalité notre bien être. C’est terrible de voir le monde autant se haïr alors que nous vivons une époque où grâce aux technologies de l’information et les moyens de transport les plus sophistiqués, le monde n’est finalement qu’un petit village où malgré nos différences, nous n’avons d’autres choix que d’accepter de cohabiter. Bien sûr que nous avons chacun des intérêts et qu’il est légitime de les faire valoir par la persuasion et la négociation. Mais pourquoi devons nous faire la guerre pour les défendre ? L’homme fait la guerre à son semblable depuis la nuit des temps. Notre civilisation a suffisamment d’histoire pour démontrer tous les jours qu’il est arrivé le temps d’arrêter de se battre. Les pays démocratiques qui sont aujourd’hui les plus forts et les plus puissants doivent prendre en main cette nouvelle mission de l’homme car en étant fort, ils sont non seulement capables de ne pas faire la guerre mais aussi d’empêcher que les petits ne la fassent. Il est pour cela impératif de ne pas négliger les droits légitimes des peuples à disposer d’eux même. La justice est elle seule capable d’éviter de retourner aux actes de vengeance et de barbarie et qu’on se le dise « A bas la loi du talion ». L’hyper puissance américaine doit absolument retrouver son rôle joué jadis quand elle a obligé Français et Anglais à sortir de leurs colonies. Elle doit abandonner ses théories stupides de guerres préventives. Elle doit également promouvoir le modèle de libertés et de démocratie sans violence mais par des pressions diplomatiques. Et pour revenir à mon article précédent, si la guerre du Liban représente pour moi une vrai déception et une démonstration du retard pris par l’homme dans la promotion du modèle « Tous ensemble », nous devons résister à la tentation des extrêmes de nous entraîner dans des guerres sans fin où la violence appelle la violence et où vengeance succède à vengeance. Cette résistance est aujourd’hui symbolisée par un certain nombre de pays européens comme la France, L’Espagne et l’Italie qui malgré les intérêts nationaux qu’ils défendent présentent un projet au Monde qui est une bonne plateforme d’accord entre nations qui se respectent et qui vivent ensemble. Osons dire à l’administration américaine que les actes de guerre préventive attisent l’extrémisme contre lequel elle prétend se battre. Osons dire à ces américains qu’ils ont le devoir d’imposer aux Palestiniens et aux Israéliens le partage de la Palestine historique sur les bases des frontières de 1967. Osons dire aux foules des nations opprimées que votre héros, digne successeur des assassins d’antan, n’est pas et ne sera pas votre sauveur. Il vous vend la haine au nom de convictions religieuses qu’il utilise comme étendard pour ses recrutements de volontaires pour la mort. Quelle est sa stratégie ? Tuer les occidentaux jusqu’au dernier ? Une stratégie qui ne que sème que mort et désolation ? Une stratégie qui prétend que dieu commande la mort des mécréants. Le dieu Amour et Sagesse ne peut pas commander aux uns de tuer les autres.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Soyons lucide !
L’Être Humain, dans son raisonnement, est plutôt à l’aise dans sa binarité. Il développe la description des extrêmes. Il privilégie très souvent une position plutôt qu’une autre. Il prône tel ou tel voie en fonction de sa position, de ses convictions et croyances. Cependant, la réalité est tout autre, elle ne se situe pas dans les extrêmes. Elle n’est ni 0 ni 1. Elle est « grise ». Les extrêmes sont éminemment réducteurs et simplificateurs. Les extrêmes existent pour faire des « sauts conceptuels », pour faciliter l’appropriation des idées, mais leur application souffrent de contorsions sur le terrain.
Il est très rare de voir une nation, entité, groupement détenteur d’un certain avantage renoncé à celui-ci au nom d’une vision aussi belle soit-elle, même s’il s’agit des valeurs « liberté, fraternité, justice, tous ensemble (why not) ». Je n’ai pas vu encore une entreprise offrir sciemment des parts de marché à des concurrents ou leur faciliter l’accès à un marché ; une division militaire opérer un retrait sur des positions sans négocier au préalable ; un pays renoncé à ses avantages avérés sans aucune contrepartie.

Le monde d’aujourd’hui est mené par un sacro-saint indicateur : « LA CROISSANCE ».
C’est cet indicateur qui dicte les positions des uns et d’autres. L’unilatéralisme trouve toute sa puissance à l’intérieur de cet indicateur et pas ailleurs. Les positions politiques lui sont intimement liées, les manœuvres militaires sont à son service. Le monde est régi par des modèles économiques. Très souvent, la frontière est difficile à déterminer entre la « politique économique » et « l’économie politique ». Les positions des uns et des autres sont tributaires de la capacité à mettre en application un modèle choisi. L’effondrement de l’URSS est un exemple contemporain édifiant. Il suffit de voir quel modèle « tire » le monde aujourd’hui pour comprendre ce qui se passe.

Toutes les autres propositions de quelque bord que ce soit, si elles prétendent à une certaine légitimité, doivent s’accompagner d’un « actions plan » terrain. Il est important d’offrir aux autres peuples une alternative. Endiguer les flux migratoires, comment créer la richesse sur place, offrir autre chose que le rêve américain, ancrer une mentalité d’abondance au lieu de d’une mentalité de pénurie…

La difficulté des nations « anti-unilatéralisme », c’est leur incapacité à joindre un modèle économique viable à leur proposition politique. Et ça, ce n’est pas de la tarte, il faut le pondre ce modèle. Et ce n’est qu’à cette condition qu’ils seront pris au sérieux, sinon ils se résoudront à suivre !!!
Les musulmans modérés tardent à nous montrer la voie sur ce volet !!! Ils doivent savoir que leur crédibilité en dépend. On attend. On attend… Mais autre chose que Friedmann, Keynes, Solow…